Vocation

...on est troubadour depuis toujours mais on le devient au fil des jours...

(comprenne qui peut !)

 

Les Troubadours du temps jadis étaient porteurs des nouvelles de leur Suzerain.
Je viens, quant à moi, d'une patrie à la fois très proche et très lointaine, qui a pour nom "Mon Icarie", et je suis le porteur d'un joyau qui ne m'appartient pas et que je détiens de mon Souverain lui-même, qui est notre Père à tous.
Mais si le Souverain m'a remis le message qu'il m'a chargé de transmettre -et en particulier, aux puissants de ce monde-, ce n'est certes pas par hasard : c'est que les hommes ont atteint un degré tel dans la folie, dans la violence et dans l'ignominie, dans la destruction d'eux-mêmes et de leur entourage, qu'il a dû décréter l'Etat d'Urgence.
Il arrive parfois que Mon Souverain soit amené à se séparer d'une partie de lui-même, lorsque celle-ci est trop malade et trop contagieuse.
C'est pour tenter d'éviter d'en arriver à une telle extrémité, qu'alors que j'étais un petit pâtre qui soufflait dans un roseau en gardant ses moutons au Pays de Mon Icarie, Mon Souverain m'envoya en pèlerinage sur cette Terre de Presqu'Humanité...


 

 

 


 

 

 

 

Le Troubadour (qui trouve de l'or ?), poète et musicien, alchimiste et guerrier, mais de cette guerre qui s'arme de la non violence et qui se fait surtout contre soi même - est l'homme errant depuis toujours à la recherche de son identité, perdu qu'il est dans le Sein de l'Eternité, en quête inlassablement de son immortalité.

S'il est sincère, s'il sait se faire humble suffisamment, s'il sait s'abandonner et devenir simple canal, la magie peut opérer, et il devient alors le messager du Dieu Unique qui l'habite de tout temps : l'Insondable même, l'innommable aux mille noms, Celui qu'on ne saurait saisir ou définir, mais qui se fait connaître de façon sûre et certaine par l'émotion la plus intime qui soit : la sensation d'être soudain face à soi-même.

Les mots AMOUR, BEAUTE, etc, prennent leur signification véritable, et le partage ainsi va de soi..

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Le point de vue de l'étranger...

Ce monde est bien déconcertant pour celui qui le regarde avec les yeux de l’étranger.
Moi qui ne suis pas d’ici, bien que vivant l’exil en ce pays depuis déjà fort longtemps, je n’arrive pas à comprendre certaines moeurs en vigueur sur cette terre, pourtant par ailleurs si proche de la mienne.
Ainsi de la misère.
La misère est une chose qui n’existe pas au Pays de Mon-Icarie, d’où je suis.
La pauvreté, oui, mais pas la misère.
Il y a des riches et il y a des pauvres, au Pays de Mon-Icarie, mais là-bas, le pauvre n’envie pas le riche, et le riche respecte le pauvre.
Le pauvre est pauvre parce qu’il a choisi d’être pauvre, et sa pauvreté, bien souvent est reconnue comme le signe extérieur d’une richesse intérieure, admirée, parfois même enviée par celui qui a choisi le confort, voire l’opulence que lui confère la possession de biens matériels, acquis toujours par le mérite d’un travail acharné.
Le pauvre, au Pays de Mon-Icarie, sait qu’il ne tient qu’à lui de s’enrichir, ainsi, il n’envie pas, et respecte le riche, dont la parole cependant, ne vaut pas plus cher que la sienne ; car ce que vous entendez ici par « la richesse » ne vient pas là-bas alourdir le poids des mots : si la possession de biens matériels octroie une certaine aisance, elle ne confère pas pour autant, comme ici, la sagesse...
L’enrichissement d’un homme, au Pays de Mon-Icarie, n’est jamais la cause de l’appauvrissement d’un autre homme. Au contraire. Car il est un seuil au delà duquel les richesses produites par un homme ne lui appartiennent plus en propre, mais viennent accroître le patrimoine de la communauté dans son ensemble. Un tel homme est alors regardé comme un bienfaiteur par ses pairs, et il n’est ainsi point de richesse injurieuse.
L’étranger qui, venant du Pays de Mon-Icarie, pose son regard sur cette terre ne comprend pas : il se demande comment il se peut qu’alors que se créent ici de plus en plus de richesses, des pans entiers de la population, de plus en plus nombreux, sombrent dans une pauvreté qu’ils n’ont pas choisie, une pauvreté indigne, qui a pour nom misère, et qui va jusqu’à priver l’homme qui y est jeté, de ses droits les plus élémentaires : celui de se nourrir et de se vêtir, et celui d’avoir un toit pour abriter ses nuits.

Au Pays de Mon-Icarie, chaque homme à droit à un petit lopin de terre, qui sait, par le fruit de son labeur, assurer à chacun la satisfaction de ces besoins élémentaires...